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Tuesday, December 1, 2015

Re: Germaine Ahidjo : ‘’Je laisse Biya seul face sa conscience...

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From: Dr. William NDI

Date: Mon, Nov 30, 2015 6:53 PM

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Subject:Re: Germaine Ahidjo : ''Je laisse Biya seul face sa conscience...


Biya aurait-il une conscience? Wanafut! C'est Germaine qui reve ou quoi?

2015-11-30 12:38 GMT-06:00 Joseph Kijem <yuh750@gmail.com>:
By Pa Fru Ndeh PaFruNdeh        30 novembre 2015 15:27


CAMEROUN :: Germaine Ahidjo : ''Je laisse Biya seul face sa conscience...

Vendredi 4 juin 2010, rue des Almadies, un quartier chic de Dakar face
restaurant L e Mogador. Une villa attire tout de suite l'attention. Non
pas à cause de s...

CAMEROUN :: GERMAINE AHIDJO : ''JE LAISSE BIYA SEUL FACE À SA CONSCIENCE''

:: CAMEROONVendredi 4 juin 2010, rue des Almadies, un quartier chic de
Dakar face restaurant Le Mogador. Une villa attire tout de suite
l'attention. Non pas à cause de son architecture ou de sa splendeur –
elle se veut d'ailleurs modeste à coté de celles qui l'entourent –,
mais davantage à cause des voitures garées hors de la barrière : une
Renault 5, une SSangyong et une Citroën. Elles rappellent une époque
révolue. C'est le domicile de Germaine Ahidjo, la toute première First
Lady du Cameroun, veuve depuis 20 ans.
On ne peut rien voir de l'extérieur : la barrière, d'une bonne
hauteur, barre la vue. Un gardien, assis sous un arbuste, se nettoie
les dents avec une écorce d'arbre. C'est un gendarme en civil. Il faut
se faire annoncer chez lui. Passà © cette étape, un majordome vous prend
à la guérite et vous conduit à la maîtresse des lieux. Le séjour est
équipé de deux salons en cuir, d'une salle à manger en bois rustique
et d'un petit coin pour le thé. Sur un des guéridons, les photos et
les distinctions honorifiques de l'ancien président. Elles semblent
transmettre aux visiteurs un salut depuis l'au-delà. Mme Ahidjo n'a
rien perdu de sa superbe et de son charme, malgré le poids de l'âge.
Elle garde son allure altière de princesse. Un sourire à la fois
diplomatique et convivial orne son visage. Elle a le même look que les
photos d'archives ont toujours présenté, habillée à l'africaine,
drapée dans de magnifiques pagnes.

Seules les lunettes qu'elle porte trahissent la cataracte qui la ronge
depuis des années. Le geste est devenu quelque peu lent et mesuré.
C'est avec beaucoup de plaisir qu'elle raconte certains faits
historiques de la vie politique du Cameroun. A la fois nostalgique,
mélancolique et passionnée, elle laisse transparaître quelques signes
de lassitude lorsqu'elle évoque certains sujets. Quand il s'agit des
frictions entre Biya et Ahidjo, elle devient un tout petit peu amer.
Véritable bibliothèque vivante, témoin privilégié de l'histoire du
Cameroun, le temps n'a pas détérioré les multiples souvenirs enfouis
dans sa mémoire. Seulement, elle laisse son interlocuteur sur sa faim,
donnant l'impression de n'avoir pas tout dit.
Quelle image gardez-vous du Cameroun, 27 ans après votre départ ?
C'est celle du Cameroun que j'ai laissé. Un pays bien. Un pays où les
gens ont la joie de vivre. Le Cameroun était sur les rails du
développement ; il était économiquement solide. Vous conviendrez avec
moi qu'entre-temps, beaucoup de choses ont dû changer. C'est normal.
Ainsi est faite la vie. Mais en même temps, je dirai que le Cameroun
me manque énormà ©ment. Ma famille et mes amis y vivent. C'est vrai que
certains sont morts et d'autres sont devenus invalides. Mais, ils me
manquent tous.
Le Cameroun est un pays que mon mari et moi aimions beaucoup. C'était
un endroit merveilleux, un cadre idéal. Nos enfants allaient au Lycée.
Babette, notre fille aînée que vous avez rencontrée tout à l'heure, a
fait le Cuss (l'actuelle faculté de médecine et sciences biomédicales
de Yaoundé, Ndlr). Je garde du Cameroun une bonne image.
Pouvez-vous rappeler aux Camerounais dans quelles conditions vous
arrivez au Sénégal ?
Nous sommes partis du Cameroun pour des vacances en France, mais aussi
pour les soucis de santé de mon mari. Ahidjo était fatigué, surmené et
il avait de plus en plus des pertes de mémoire. Il lui fallait du
repos. Il a été admis dans une clinique. Quand son état s'est
amélioré, il a voulu rentrer au Cameroun. C'est sur mon insistance
qu'il n'y est pas re tourné. Ensuite, il y a eu cette fameuse histoire
de tentative de coup d'Etat en septembre 1983 où il a été jugé et
condamné à la peine capitale par contumace. Là, nous avons compris que
nous étions devenus indésirables au Cameroun. On nous a retiré nos
passeports. Quand on vous retire vos passeports, c'est qu'on vous
retire aussi votre nationalité. Les autorités de Yaoundé avaient
décidé que nous n'avions plus rien à voir avec le Cameroun. Nous
sommes devenus des sans-papiers.
Heureusement que Ahidjo avait gardé de très bonnes relations avec
certaines autorités françaises et avec le Sénégal. Le gouvernement
sénégalais nous a offert des passeports. C'est dans ces conditions que
nous venons nous installer à Dakar où mon mari avait acheté une
modeste villa. Vous voyez bien qu'elle est en contradiction avec
l'immense fortune qu'on lui a attribuée.
Comment avez-vous été accueillis par la communauté camerou naise de Dakar ?
Il faut reconnaître que nous arrivons au Sénégal dans un climat de
suspicion. Au Cameroun, nous étions devenus des parias. Pour ne pas
faire du tord à certains de nos compatriotes, on évitait tout contact
avec eux.
On attribuait trop de choses à mon mari. Beaucoup de rumeurs nous
parvenaient. Le Cameroun était devenu le pays des «on dit» (sic). On a
par exemple dit qu'Ahidjo avait recruté des mercenaires. Mais pour
faire quoi ? Détruire tout ce qu'il avait construit ? Ce n'était pas
dans son genre. C'était un bâtisseur. Il ne pouvait pas être sapeur
pompier et pyromane en même temps.
Des tentatives de coup d'Etat ont été créées de toutes pièces et on
lui collait tout cela sur le dos. L'entourage de Biya, mais aussi
celui d'Ahidjo ont contribué à envenimer la situation. Leurs proches
ont commis un tas de maladresses, les éloignant progressivement. Les
deux communiquaient de moins en moins . Il y avait trop de malentendus,
trop de fausses histoires.
Après les tristes événements du 6 avril 1984, quelles étaient vos
relations avec les Camerounais que vous croisiez souvent ? En parliez-
vous ?
C'est comme je vous l'ai dit tout à l'heure, on voyait très peu de
Camerounais` et on évitait de parler politique. Surtout qu'à Yaoundé,
on a fait croire au peuple que c'était Ahidjo l'auteur de ce
soulèvement militaire devenu coup d'Etat. Et pour l'illustrer, on a
choisi une partie de la conversation qu'il a eue ce matin-là au
téléphone avec une journaliste de la radio française Rmc. J'étais
présente lors qu'il a reçu le coup de fil. Lorsque la journaliste lui
a annoncé qu'il y avait des combats à Yaoundé qui font penser à un
coup d'Etat, Ahidjo a dit: "C'est vous qui me l'apprenez". Et elle a
ensuite demandé : "Et si c'était vos partisans ?" Sa réponse a été:
"Si ce sont les miens, ils auront le des sus".
Curieusement, c'est seulement ce dernier passage que les autorités de
Yaoundé ont choisi de faire écouter au peuple. C'était à dessein.
Pourtant, nous n'étions même pas au courant de ce qui se passait à
Yaoundé. Et même si Ahidjo était au courant de ce qu'il se préparait
quelque chose au Cameroun, il n'y était pour rien. On oublie parfois
qu'il est parti du pouvoir de lui-même. Personne ne l'a contraint.
Pourquoi donc chercher à revenir?
Lorsque vous vous recueillez sur la tombe de votre illustre époux Son
Excellence Ahmadou Ahidjo, peut-on avoir une idée de ce que vous vous
dites a ce moment-là ?
C'est toujours comme si je lui parlais. Je lui dis qu'il me manque
beaucoup. Qu'il manque à ses enfants et à toute sa famille. Nous
prions pour lui et nous veillerons toujours sur sa tombe.
S'agissant du rapatriement des restes de votre défunt époux, il se dit
dans certains milieux que Paul Biya se vengerait d e vous, parce que
vous n'étiez pas du tout d'accord qu'il succède au président Ahmadou
Ahidjo...
Non non ! Je n'y crois pas du tout. C'est cette affaire de coup
d'Etat. Ça les a beaucoup éloignés (Ahidjo et Biya : ndlr). Le jour de
l'enterrement d'Ahidjo, tout le corps diplomatique accrédité au
Sénégal était présent à la mosquée. Sauf l'ambassadeur du Cameroun.
Même le cardinal de Dakar était là. Et lorsque le cortège funèbre est
passé devant l'ambassade, c'était le seul chemin qu'on pouvait
emprunter, le drapeau du Cameroun n'avait pas baissé d'un seul
centimètre. Il n'était pas en berne. Et ça, tout le monde l'a
remarqué. C'était choquant pour certains. Le doyen du corps
diplomatique de l'époque, l'ambassadeur de Côte d'Ivoire, qui était
également le représentant officiel de Houphouët-Boigny aux obsèques, a
cherché à rencontrer son homologue camerounais pour comprendre la
situation. Mais en va in, l'ambassadeur ne le prenait même pas au
téléphone. Parait-il, les instructions venaient de Yaoundé.
Quels étaient vos rapports avec feue Jeanne Irène Biya, la première
épouse de Paul Biya ?
Nos rapports étaient cordiaux. Il n'y avait jamais eu de problèmes
entre nous. On avait d'autres sujets de conversation que la politique.
Ce n'était toujours pas la première dame et l'épouse du Premier
ministre. Nous avions beaucoup de choses en commun. On avait la même
formation ou presque. Elle était sage-femme et moi infirmière
généraliste en maladies tropicales, donc on se comprenait. On parlait
souvent boulot. Lorsqu'il y avait des problèmes entre épouses des
membres du gouvernement, je calmais la situation. Vous savez, chacun a
son caractère et c'est parfois difficile à gérer.
Comment réagissez-vous le plus souvent lorsque vous parviennent des
informations en bien ou en mal sur Cameroun ?
Lorsque les informatio ns sont bonnes, je suis contente. Et lors
qu'elles sont mauvaises, je suis triste. Je suis Camerounaise, c'est
mon pays. La politique m'a fait trop de mal
L'Undp (Union nationale pour la démocratie et le progrès) qui se
réclamait de l'héritage politique de feu Ahmadou Ahidjo est
aujourd'hui le meilleur allié du Rdpc, comment vivez-vous cette
alliance ?
Ce sont des politiciens. Ils ont fait un choix qui est le leur, qu'ils
en assument la responsabilité jusqu'au bout.
L'un des fils du président Ahidjo fait aujourd'hui partie de la
majorité présidentielle, vous a-t-il consultée ?
Notre fils aîné (Mohamadou Ahidjo : Ndlr) m'a dit qu'il a été élu
député de l'opposition. Rien de plus. D'ailleurs, ça dépend de ce que
vous appelez majorité présidentielle.
S'il vous était donné de rentrer au Cameroun, allez-vous vous engager
en politique ?
Non. Je n'ai aucune ambition politique. La politique m'a fait trop de mal.
Si le président Biya était face à vous; que lui diriez- vous ?
Rien. Mais alors rien du tout. Un président de la République n'est pas
un homme ordinaire. Je laisse Biya seul face à sa conscience.
Seulement, je demande qu'on fasse une réhabilitation officielle de mon
mari. On lui a mis trop de choses sur le dos.
Il est des choses qui surviennent à tout un chacun dans son existence,
telle la mort. Si jamais cela arrivait, où souhaiteriez-vous être
enterrée ?
Partout où Dieu le souhaitera. Contrairement au président Ahidjo, moi
je ne suis pas un homme d'Etat. Ce sera à mes enfants de décider.
Un message à l'endroit des Camerounais à la veille de la célébration
du cinquantenaire de l'Indépendance et de la Réunification ?
Comme je l'ai dit à un de vos confrères il y a quelques semaines,
c'est le moment où jamais de penser à une véritable réconciliation
nationale. Il faut réconcilier tous les fils et fi lles du Cameroun
avec leur passé. Cette réconciliation ne peut se réaliser sans la
réhabilitation officielle de son premier président, décédé et enterré
il y a 20 ans loin de sa terre natale, et le retour de ses restes au
pays dans l'honneur et la dignité. C'est un patrimoine national. Il
est temps de refermer cette douloureuse page qui a divisé et fait
souffrir tant de Camerounais, et Ahidjo en premier.
Et au gouvernement sénégalais ?
Je ne peux que dire merci aux autorités sénégalaises. Elles ont
toujours été d'un très grand soutien pour nous. Elles nous ont offert
des passeports et c'est grâce à ces passeports que nous pouvons
voyager aujourd'hui. Le gouvernement sénégalais assure notre garde et
il s'assure toujours que nous ne manquons de rien.
Le nom d'Ahidjo est très respecté ici au Sénégal. Beaucoup de
Sénégalais vont souvent prier sur sa tombe. Je dis merci à tous les
Sénégalais.
© Via L a Météo : Entretien mené par Jean Calvin Ovono (Dakar 5 juin 2010)

__._,_.___
Posted by: Pa Fru Ndeh <pafrundeh@yahoo.com>

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